Histoire de Fès

Fès ou Fez ([fās], en arabe, Fes en anglais) est la troisième grande ville du Maroc, après Casablanca et Rabat, avec une population de 1 million d’habitants (les Fassis). C’est l’une des quatre « villes impériales » (avec Marrakech, Meknès et Rabat). Elle est souvent considérée comme le centre spirituel du Maroc.

La vieille ville, un exemple modèle d’une ville orientale, est placée sous la protection de l’UNESCO. Le bleu profond de ses céramiques est un des symboles caractéristiques de Fès.

Selon une légende, le nom de la ville viendrait de la découverte d’une pioche à l’emplacement des premières fondations.

Fès est un centre religieux, culturel et commercial. La ville est célèbre pour sa mosquée, la Kairaouine, qui était la plus grande d’Afrique jusqu’à ce que la nouvelle mosquée de Casablanca soit terminée.
L’économie de Fès compte encore de nombreuses industries traditionnelles : usines de textile et de farine, traitement du pétrole, tanneries, savonneries et artisanat de toutes sortes. La région entourant Fès produit des céréales, des haricots, des olives, du raisin. L’élevage d’ovins, de caprins et de bovins est également pratiqué dans la région.
Fès est fortement dominée par les vieux centres, tandis que les centres modernes servent de banlieue aux deux vieilles villes. Fès a donné son nom au chapeau rouge et cylindrique utilisé dans la majeure partie du monde musulman.

Fondation

La ville « Medinat Fas » a été fondée par Idrîs Ier en 789 à la place de l’actuel quartier des Andalous. En 809, Idris II fonde « al-Aliya » sur l’autre rive de l’oued de Fès. Al Aliya se développe très vite et devient une véritable ville avec mosquée, palais et kisariya (halle, marché).

Les sources d’eau vitales aux alentours de Fès, qui avant même sa fondation étaient connues et louées en chanson, ont sans aucun doute été un critère important lors du choix de l’emplacement pour la future métropole.

Les évolutions suivantes sont dues à deux vagues successives d’émigration : à partir de 817-818 s’installent dans la ville fondée par Idrîs Ier près de 800 familles andalouses expulsées par les Omeyyades de la ville espagnole de Cordoue. Peu de temps après environ 2000 familles bannies de Kairouan s’installent sur l’autre berge. La mosquée universitaire « Al-Qarawiyine » fondée au IXe siècle devient l’un des centres spirituels et culturels les plus importants de l’Islam. Son influence se fait ressentir jusque dans les écoles de l’Espagne islamique et au-delà vers l’Europe.

Les nouveaux arrivants apportent avec eux aussi bien un savoir-faire technique et artisanal qu’une longue expérience de la vie citadine. Sous leur impulsion, Fès devient un centre culturel important et après la fondation de la mosquée universitaire Qairawin le cœur religieux du Maroc.

Fès se trouve à un emplacement particulièrement avantageux, au croisement de routes commerciales importantes, au cœur d’une région naturellement généreuse avec des matières premières précieuses pour l’artisanat (pierre, bois, argile). Ceci lui permet de se développer très rapidement. Fès se trouve notamment sur la route des caravanes allant de la Méditerranée à l’Afrique noire en passant par la grande ville commerciale Sidjilmassa (disparue au XVIIe siècle) dans la région de Tafilalt (ce qui correspond de nos jours à la région de Rissani/Erfoud).

Moyen Âge

Les deux parties de la ville s’unissent au Moyen Âge, détruisant le mur qui les séparait. Fès perd son rôle de capitale avec la fondation almohade de Marrakech au XIe siècle mais le reprend en 1250 grâce à la dynastie Mérinide. Sous leur règne, la nouvelle ville El Medinet El-Beida (la ville blanche) est fondée en 1276, elle est équipée de remparts, de palais et de jardins. Elle est rapidement connue sous le nom de Fès Djedid (la nouvelles Fès) en opposition à Fès el Bali (la vieille ville). La population juive qui se trouvait aux alentours du palais est forcée de partir et le mellah (ghetto dans lequel vivaient les Juifs sous la protection du sultan) se forme dans l’ancien quartier de la garnison des archers syriens. Au début du XIVe siècle (apogée de l’art hispano-mauresque), la ville connaît une forte croissance. L’université de Fès est alors connue mondialement. Grâce aux caravanes allant jusqu’au port de Badis dans le Rif, Fès est en permanence liée à l’Espagne islamique et à l’Europe. En 1471, la ville tombe aux mains de la dynastie Beni Wattas.

XVI-XVIIIe siècle

En 1522, Fès souffre d’un tremblement de terre qui détruit la ville en partie. Dans les années qui suivent, de nombreux bâtiments sont reconstruits, restaurés ou remplacés par des nouveaux. La dynastie des Saadi prend la ville en 1554 mais choisit Marrakech comme capitale. À la fin du XVIIe siècle, avec les débuts de la dynastie alaouite, Moulay Ismail choisit Meknès comme nouvelle capitale. Il installe à Fès une partie du clan des Udaia qui l’avaient aidé à gagner le pouvoir. Après sa mort (1727), les Udaia se révoltent, ils ne seront chassés de la ville qu’en 1833 par Abd er Rahman. Moulay Abdallah, le successeur de Moulay Ismail, fait de Fès son lieu de résidence et fait rénover ou nouvellement construire mosquées, écoles (madrasas), ponts et rues, les rues de Fès Djedid sont pavées.

XIXe siècle

Au XIXe siècle, les deux anciennes parties de la ville sont reliées à de nouvelles constructions comme le palais Boujloud. Jusqu’au début du protectorat en 1912, Fès est la capitale du Maroc.

Le protectorat français et l’indépendance

Rabat est déclarée officiellement capitale du Maroc, Fès reste cependant un lieu de résidence royal important et un centre culturel, artisanal et commercial. Sous la direction de Lyautey et d’après les plans de l’architecte Henri Prost, une nouvelle ville se développe dans les environs de Dar Debibagh au sud de Fès Djedid. Si elle fut dans un premier temps le quartier résidentiel des européens, la « ville nouvelle » a continué à se développer comme ville arabe moderne avec de nouveaux quartiers de villas. Les autorités, institutions et entreprises de services s’y sont installées.

Aujourd’hui

La ville compte actuellement environ 1 400 000 habitants. Aujourd’hui la ville de Fès compte deux parties : Fès Médine considérée comme patrimoine mondial de l’UNESCO Et Fès ville nouvelle (Dar Dbibegh) qui reflète la modernisation et le développement économique du pays. Ainsi, c’est dans cette partie de Fès que se rencontrent modernité (centres commerciaux, buildings, hôtels 5 étoiles…) et culture. Ces dernières décennies, le tourisme n’a cessé de se développer (1 million de visiteur par an) et est devenu un important facteur économique. Ceci est devenu d’autant plus important grâce à des manifestations culturelles telle que celle au courant de juin de chaque année<< le Festival des musiques sacrées du monde>>.